Quelques conseils pour réussir à formuler un projet de lecture (les exemples sont empruntés aux programmes de Première et de Seconde).

Mise à jour et enrichissement de ce billet : 6 janvier 2016.

Les projets de lecture trop vagues sont sanctionnés à l’écrit. Il faut donc apprendre à formuler un projet de lecture précis. Voici quelques conseils, étayés d’exemples portant sur des textes argumentatifs.

Oubliez :

"Qu’est-ce qui fait l’intérêt de ce texte ?" ou bien "Que dénonce ce texte ?", ou encore "Que critique l’auteur dans ce texte ?", qui donne l’impression (fausse ou bien très inquiétante) qu’on n’a pas vu de quoi il s’agissait.

Préférez :

Nous verrons en quoi ce texte est une critique de… (la guerre, la corruption, les conventions sociales...)
Nous verrons en quoi ce texte revisite... renouvelle...

Identifiez bien le texte.

Il faut "définir" le texte au préalable, en ce demandant ce qu’il est, ce qu’il dit et les effets qu’il produit sur le lecteur.

On peut identifier le texte avant même de l’avoir lu (grâce au paratexte notamment) en s’interrogeant sur les points suivants :

  • genre (par ex., roman ; si on est au théâtre, comédie, tragédie, drame ; en poésie, identifier si on a affaire à une forme particulière : sonnet, poème en prose...),
  • auteur, mouvement, Histoire et histoire littéraire,
  • type (par ex., dans le genre romanesque : narratif, descriptif...),
  • registres / tonalités présentes dans le texte (comique, ironique, satirique, pathétique, tragique...),
  • éventuels topoï ou lieux communs (scène de reconnaissance au théâtre, scène de rencontre, scène de bataille dans le roman ; poème d’amour, de célébration...),
  • situation éventuellement intéressante du texte (scène d’exposition au théâtre, incipit ou explicit dans un roman, avec les effets de seuil à repérer).

Ensuite, on examine ce que dit le texte, son thème et son propos (souvent en lien avec le topos si on en a identifié un). Dans telle scène, les personnages entrent en conflit au sujet de X. Dans telle page de roman, le personnage opère une introspection qui est l’occasion pour le romancier de livrer à travers son héros telle vision du monde. Dans tel poème, l’auteur chante la beauté de la femme aimée.

Quelques exemples

  • Si l’on a affaire à la description de la mort de Gervaise dans L’Assommoir, une première approche du texte permet de cerner l’appartenance du roman au Naturalisme, dont Zola est le chef de file, le Naturalisme étant le prolongement du Réalisme ; la clôture du roman ; le thème : la mort du personnage. Une lecture plus attentive permettra de poser un projet de lecture précis, autour de la représentation particulièrement réaliste de la mort du personnage principal, clôture d’une vie et du roman à la fois.
  • Si l’extrait est la scène d’exposition, déterminez bien le genre de la pièce pour l’intégrer au projet de lecture : une scène d’exposition de tragédie est évidemment différente d’une première scène de comédie. Si le genre est difficile à déterminer, notamment pour des pièces du XXe siècle, identifiez les registres employés (tragique, comique). On articulera alors le thème de la scène avec le ton qui s’y déploie. Par exemple, telle scène conflictuelle pourra donner lieu à ce projet de lecture : en quoi cette scène d’affrontement orchestre-t-elle une montée du tragique ?
  • Si on a affaire à la fable “Le loup et l’agneau” de La Fontaine, il faut éviter un projet de lecture qui dirait : "Comment La Fontaine critique-t-il la société de son temps ?" Si acceptable soit-il, il s’applique assez bien à un grand nombre de fables. Dans cette fable, la critique porte plus précisément sur l’arbitraire, sur les injustices infligées aux faibles par les puissants.
  • De même, dans un autre genre, “Le Lac” de Lamartine n’est pas à envisager seulement comme un poème d’amour (il ressemblerait à beaucoup d’autres, or le commentaire doit mettre en évidence la singularité du texte), mais comme un poème élégiaque et lyrique, occasion d’une méditation sur l’amour disparu et la fuite du temps.
ImprimerIMPRIMER

À lire aussi