Je reviens ici sur notre récent cours et vous propose repères et compléments pour bien vous entraîner avant… l’entraînement au commentaire littéraire proposé jeudi prochain, communément appelé DST, en trois heures.


Repères sur le sonnet

  • Lisez les pages 190 à 202 de votre livre Le sonnet : elles sont très éclairantes s’agissant de cette forme poétique à la fois ancienne et très vivante qu’est le sonnet. Elles expliquent à quoi on le reconnaît, tout en montrant qu’il a subi de nombreuses transformations, et qu’il n’est pas enfermé dans des règles absolument strictes.
  • Retenez qu’il comprend 14 vers, disposés en deux quatrains et un sizain, même si visuellement, le sizain est disposé en deux tercets (ce sont les rimes qui lui donnent son unité).
  • Souvenez-vous par ailleurs que dans un certain nombre de sonnets, dont “Le dormeur du val”, les poètes jouent sur cette structure double. Le passage des quatrains aux tercets est souvent un tournant, comme lorsqu’apparaissent les glaïeuls, indice à la fois clair et subtil de la mort du soldat. C’est la volta du sonnet (le mot, en italien, rappelle l’origine de cette forme poétique.
  • Le sonnet s’achève par ailleurs souvent - pas toujours, mais souvent - sur un trait étonnant, une chute, une pointe. C’est le concetto. Le poème de Rimbaud en offre un exemple emblématique.

Compléments sur “Le dormeur du val” de Rimbaud

Si RImbaud s’essaye avec brio au sonnet, c’est notamment parce qu’écrire un tel poème, bref, dense, obéissant à des principes tels que ceux décrits ci-dessus, est difficile. Mais y parvenir, c’est réussir à exprimer quelque chose en très peu de vers, avec la garantie que la brièveté donnera au tout force et densité, par effet de concentration.

C’est pourquoi sans doute il choisit le sonnet pour dire l’horreur contre nature de la mort du soldat dans l’écrin de ce vallon. Tel pourrait être notre projet de lecture pour un commentaire de ce texte :

Nous verrons comment Rimbaud, dans ce sonnet, célébre une nature vivante et protectrice pour mieux surprendre le lecteur et dénoncer l’horreur de la guerre.

Et sans doute pourrions-nous bâtir ainsi le plan de notre commentaire :

I. Rimbaud met en scène une nature luxuriante et vivante.
II. Mais ce paysage idyllique se révèle être le tombeau de verdure d’un soldat mort.

Un plan plus détaillé pourrait donner :

I. Rimbaud met en scène une nature luxuriante et paradisiaque.
1. C’est un vallon verdoyant et lumineux…
2. Dans lequel paraît se reposer un soldat à l’unisson de cette nature accueillante.
II. Mais ce paysage idyllique se révèle être le tombeau de verdure d’un soldat mort. 1. La chute surprend le lecteur et révèle l’horreur de la guerre.
2. Elle était préparée par des indices à double sens : le sommeil masquait la mort.

On pourrait tout à fait envisager un plan différent, intervertir par exemple les deux dernières sous-parties. Ce qui compte, c’est de rendre un devoir convaincant, organisé, et qui progresse du plus évident au plus subtil.

Par exemple, dans le développement, on s’attachera à expliquer le rôle de certains termes (la répétition du verbe dormir), puis l’escamotage de certaines images (le “cresson bleu” semble remplacer le sang), et enfin l’effet de tel ou tel rejet (celui du verbe dormir, celui de l’adjectif “tranquille”). Les procédés tels que les répétitions sont plus aisés à saisir que les images (les “haillons d’argent” embellissent la nature, mais peuvent aussi renvoyer aux vêtement déchirés du soldat), elles-mêmes plus faciles à appréhender, peut-être, que les effets de la versification que vous avez su voir en cours.

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