Pour l’entretien
Vous avez lu il y a plusieurs mois Le Barbier de Séville et une autre pièce au choix : Dom Juan de Molière, L’Île des esclaves ou Le jeu de l’amour et du hasard de Marivaux.
Pour l’oral, vous devrez avoir choisi une des œuvres lues dans l’année (un recueil de poèmes, une pièce de théâtre, un des ouvrages donnés à lire lorsque nous étudiions Montaigne ou encore un des romans proposés pour notre dernier chapitre). Je vous conseille d’avoir de quoi évoquer deux œuvres et non une seule.
L’entretien vise à évaluer votre capacité de lecteur autonome : vous réussirez, vous saurez construire avec votre examinateur un dialogue riche et cultivé si vous êtes capable d’évoquer l’œuvre lue, votre rapport à elle, et si en prime, vous parvenez à établir des ponts entre cette œuvre et d’autres.
Je vous avais donné des pistes de lecture pour les recueils de poèmes ; les ouvrages lus depuis sont sans doute plus simples d’accès.
Quelques conseils pour les pièces de théâtre
Conseils généraux
- Pensez à envisager ces œuvres notamment sous l’angle indiqué par le programme (voir ci-dessous).
- Faites-vous un mémento des noms des personnages et de l’intrigue.
- Sur ce mémento, notez aussi les grandes lignes de la composition de l’œuvre (actes et scènes), pour circuler mentalement dans la pièce avec aisance.
- Notez-vous quelques scènes clés (acte, scène) ; donnez-leur un titre.
- Notez quelques répliques intéressantes, emblématiques d’un personnage, ou qui représentent bien l’ensemble de la pièce.
- Gardez toujours à l’esprit que si l’on parle de “comédie du valet”, c’est au sens où le personnage du valet est central dans le genre de la comédie, donc dans la comédie que vous aurez lue ; cela signifie aussi qu’il peut avoir, comme Figaro, la mainmise sur la dite comédie, en bonne part du moins, ou qu’il peut être théâtralement un personnage central (c’est ce que le metteur en scène Daniel Mesguich dit du Sganarelle de Dom Juan) ; enfin, rattachez bien toujours vos réflexions sur les valets aux effets comiques qu’ils produisent. Le comique n’est pas toujours du rire pur : la notion renvoie à celle d’énergie, de dynamisme, de légèreté aussi, mais également de décalage, d’écart, de tension, de rapport de force que le rire permet de mettre en scène.
En guise de prolongement, n’hésitez pas, pour enrichir votre réflexion, à lire une synthèse sur la célèbre théorie du philosophe Hegel sur la dialectique du maître et de l’esclave. Ne le faites pas si c’est pour briller avec un vernis de philosophie le jour de l’épreuve, ce serait du plus mauvais effet. Simplement, après avoir relu en diagonale la pièce choisie, voyez en quoi cette théorie peut être tout à fait illustrée par l’œuvre et ses personnages. C’est ainsi que vous vous approprierez sa réflexion et pourrez l’évoquer avec intelligence.
Dom Juan
Pour vous donner matière à réflexion, je vous invite à questionner la relation entre Dom Juan et Sganarelle.
- La pièce défie les règles classiques, et notamment celle dite des trois unités (les lieux changent à chaque acte, l’histoire excède une journée, on compte de multiples actions). Ce qui donne à la pièce sa cohérence, entre autres, c’est la permanence du duo maître-valet. Comptez pour vous en rendre compte les scènes où ils sont tous les deux sur l’ensemble.
- Quel rapport de force se dessine entre eux ? Qu’éprouve Sganarelle pour son maître ? Ses sentiments sont-ils les mêmes d’un bout à l’autre de la pièce ?
- En quoi Dom Juan a-t-il besoin de lui ?
- Quel est l’état
L’Île des Esclaves
- En quoi Marivaux exhibe-t-il le caractère tout à fait fictif de la situation ?
- Quelle est l’origine du personnage théâtral d’Arlequin ? Qu’attend-on de ce personnage au théâtre habituellement ?
- Quel est le but de l’inversion des rôles ?
- De Cléanthis ou d’Arlequin, quel personnage trouvez-vous personnellement le plus intéressant, à l’occasion de ce changement de statut ?
- Comment la pièce se termine-t-elle ? Revenez à la date de création de l’œuvre : pouvait-on envisager une autre fin à cette date ? Qu’est-ce qui la différencie de la trilogie de Beaumarchais, s’agissant de cette relation entre maîtres et esclaves ?
Le jeu de l’amour et du hasard
- Pensez à réfléchir au titre : “Le jeu” suggère qu’on aura affaire, peut-être, à un procédé de théâtre dans le théâtre ; c’est aussi un “jeu” (comme dans un objet mécanique) entre les deux notions que sont l’amour et le hasard. Enfin, sur ce dernier terme, pensez à sa portée éminemment subversive : les positions sociales sont le fruit de la fortune (ce thème est cher à Beaumarchais aussi) ; qu’en est-il de l’amour ? C’est à cela que la pièce invite à réfléchir. Le hasard de l’amour a-t-il la même logique que celui du rang social ?
- Quelle est la relation entre maîtres et serviteurs avant l’inversion des rôles ?
- Les valets jouent bien sûr un rôle de contrepoint comique : comment fonctionne-t-il ? Appuyez-vous sur l’un d’eux, sur une scène de votre choix pour nourrir votre réflexion.
- Ce qui est particulièrement intéressant, ce n’est pas l’inversion des statuts en soi, mais ce que provoque chez chacun des personnages le fait de dissocier progressivement statut et sentiments. Je vous invite à vous pencher là-dessus, particulièrement en voyant comment naît l’amour entre Silvia et Dorante. Comment conçoivent-ils leur statut social d’origine à mesure que grandissent leurs sentiments ? Quel est l’effet sur eux de ce changement de position sociale ? Y gagnent-ils en liberté ?
- On loue souvent Marivaux pour la finesse avec laquelle la psychologie des personnages se coule dans des répliques où l’implicite a toute sa part ; c’est aussi cela que l’on désigne par le terme de “marivaudage”. De cette pièce, comme d’autres de ses œuvres, naît un comique singulier, qui n’est plus tout à fait celui de Molière, qui n’est pas non plus celui de Beaumarchais, et qui repose en bonne part sur le langage. Comment percevez-vous ce comique particulier au dramaturge ? N’hésitez pas à vous fonder sur une scène ou un personnage en particulier.