Je voulais savoir si il est important/utile de faire une phrase de transition lorsqu’on passe d’un mouvement à un autre dans un texte ?
Excellente question. Remettons les choses en perspective : ce qui compte, c’est la clarté, d’une part, et le maintien de l’attention de l’examinateur, d’autre part. À ce titre, les charnières sont très utiles. Si elles sont élégantes de surcroît, elles sont valorisées.
Imaginons deux grandes catégories de charnières possibles. Les gros sabots, toujours efficaces : “À présent, intéressons-nous à…”. Le lien logique, l’inflexion de la voix indiquent le passage d’un mouvement à un autre. Il suffit d’avoir noté quelques formules, de s’être entraîné, d’avoir surligné le nom qu’on donne aux mouvements (et pas juste le numéro des lignes) pour le faire correctement. Je dis “les gros sabots”, mais en fait c’est très bien de faire ainsi : la clarté une nouvelle fois est nécessaire et appréciée.
On peut être plus élégant et faire une vraie transition, en rappelant dans un premier temps de la phrase ce dont il était question, puis en annonçant la suite. Par exemple (Le Mariage, I, 10, transition entre l’étude du premier et celle du second mouvement de l’extrait) : “Si Figaro et ses alliés semblent triompher, ils doivent ensuite prendre la défense de Chérubin : le Comte leur donne alors du fil à retordre.” Cette construction avec une proposition subordonnée concessive ouverte par “Si” est souvent efficace (à l’écrit aussi : je pense à votre écrit de philo… en Terminale).
Je voulais savoir si pour la scène 10 de l’acte 1 du Mariage de Figaro, on devait rappeler les enjeux.
Je pense qu’il faut les donner vraiment en résumé, au moment où, en introduction, vous situez la scène dans l’œuvre, et annoncer que vous reviendrez en détail dessus dans votre explication.
“À la fin de l’acte d’exposition, la scène 10 confronte le Comte et Figaro, ce dernier devant tenter de remporter une première victoire sur son maître. Il est accompagné de Suzanne, mais aussi de la Comtesse, ses alliées, et Chérubin est également présent : nous verrons quels enjeux unissent ces personnages face à Almaviva.” Puis, lecture, problématique, mouvements.
Je voulais aussi savoir si la problématique était nécessaire.
Nous nous heurtons toujours au même problème qu’en début d’année : un correcteur ne saurait l’exiger, dans la mesure où le texte officiel dit que vous devez “situer” le texte. Mais sans doute valorisera-t-on une problématique dite après la lecture. Il ne faut surtout pas que tu te compliques la vie. Par exemple, pour l’Acte I, scène 1 du Mariage : “Nous verrons en quoi cette scène d’exposition permet, avec efficacité, de découvrir les personnages et les enjeux de la pièce”.
Attention, j’ai utilisé une interrogative indirecte, c’est-à-dire, sur le plan grammatical, une phrase affirmative qui contient une subordonnée interrogative. On ne répète pas le pronom après le verbe permettre. C’est une erreur encore fréquente parmi vous.
Si on met une problématique, il faut l’annoncer avec l’intro ou plutôt après la lecture avec les différents mouvements ?
Il me paraît plus logique et plus élégant de dire quelle direction on s’apprête à prendre pour l’explication une fois le texte lu. Implicitement, la séquence donne : lecture du texte puis d’après cette lecture, la direction à prendre pour l’expliquer est….
En sens inverse, on donnerait l’impression de plaquer sur un texte non encore proféré une direction choisie à l’avance.
C’est une question de rhétorique, mais aussi d’éthique de l’oral et de la lecture (ouh là les grands mots). Donc, par exemple, je lis la scène 10 de l’acte I du ”Mariage’’, (enfin l’extrait à travailler), puis je donne une direction de lecture, ou problématique : “Nous verrons en quoi cette scène de comédie est aussi une scène de rapport de force et de tensions, au cœur du conflit entre Figaro et le Comte.” Enfin, j’énonce les mouvements : “Elle s’organise comme suit : …”
Question-réponse importante pour la lecture des noms de personnages dans un texte théâtral : merci à Chloé de me l’avoir posée.
Pour la lecture des scènes de théâtre, faut-il lire le nom des personnages qui vont intervenir avant de lire leurs répliques ?
Trois possibilités :
- les lire à chaque fois, mais cela hache la lecture : à exclure.
- Lire le nom des personnages au début du texte, au même titre qu’une didascalie (Scène X, Le Comte, Suzanne, Figaro…) puis ne pas les lire au fil de la scène : la lecture est fluidifiée, mais il faut bien marquer les changements de ton pour rendre identifiables les personnages, surtout s’ils sont nombreux.
- Lire le nom des personnages au début du texte, au même titre qu’une didascalie (Scène X, Le Comte, Suzanne, Figaro…) puis le lire lors de la première intervention de chaque personnage.
Je pense que la dernière solution est assez efficace, en particulier quand il y a beaucoup de personnages ; ce qui aide, c’est aussi que les deux premiers personnages de l’extrait, Figaro et le Comte, sont chacun décrits par une didascalie juste après leur nom.
Je voulais savoir si lors de la lecture de la scène d’exposition du Mariage de Figaro, nous devrons lire la didascalie ou simplement la mentionner au début de l’explication ?
Très bonne question : elle fait pleinement partie du texte, il faut la lire.