Vous trouverez ci-dessous la suite de notre cours : logiquement, une problématisation, c’est-à-dire un travail d’expression de ce qui faisait problème ; en somme, une réduction, comme en cuisine, mais en plus réussi j’espère que dans la mienne, des problèmes posés par la citation et mis au jour ensemble.

Une esquisse de plan et de premières idées d’exemples suivent. Ce plan est terriblement, banalement dialectique. Mais il me paraît fonctionner. Sur Pearltrees, je joindrai la proposition de corrigé émise dans le cadre du concours général pour ce sujet.


Tentative de problématisation

On ne retiendra qu’une seule question. Ce sont des variantes les unes des autres. Si vous en avez d’autres, je suis preneur.

La poésie, à supposer qu’elle ait pour fonction d’élever les hommes, doit-elle pour cela procéder d’un irréductible et paradoxal éloignement de l’humanité ?

Dans quelle mesure le poète devrait-il, pour mieux les élever au-dessus d’eux-mêmes, paradoxalement s’éloigner des autres hommes ?

Dans quelle mesure le poète doit-il s’éloigner des autres hommes de façon irréductible, ce qui lui permettrait, paradoxalement, d’élever l’humanité au-dessus d’elle-même ?


Esquisse de plan

1. Le poète peut se donner comme impératif de créer une poésie exigeante, singulière, « extra-humaine », misanthropique. Que serait-elle ? Une poésie de la provocation, de l’ironie, du dédain. Exemples : Baudelaire, Rimbaud (« en avant » de l’action humaine), Laforgue pourquoi pas, mais aussi, par la suite, les Surréalistes (Desnos notamment ?).

2. Mais la poésie peut aussi (doit aussi peut-être ?) se rapprocher des hommes, et rapprocher les hommes entre eux (Eluard, idéal de fraternité).

3. La poésie telle que Baudelaire la présente offre peut-être un rapport nouveau aux autres hommes, susceptibles d’élever l’humanité, par le jeu sur les paradoxes, par un appel à la révolte (ne peut-on lire à l’aune de ce propos « Assommons les pauvres ! » ?). Une poésie, assurément, qui s’adresse à « l’hypocrite lecteur », qui provoque (déjà vu en I, attention à ne pas se répéter), refuse la compassion, mais sans nier la fraternité (voir « Au lecteur » dans Les Fleurs du Mal). Voir aussi du côté de Tristan Corbière (voir comment il réécrit Hugo, lui répond ironiquement et moque avec lui le Romantisme : « Combien de marins… »). Plus près de nous, voir Paroles de Prévert, ce mélange de satire et de légèreté qui pourfend la bassesse des hommes, qui cherche l’idéal dans l’humble attention aux autres - qui réalise une poésie de fraternité sans aveuglement. Cette poésie ironique et provocante deviendrait alors réellement émancipatrice, en étant apparemment misanthropique, voire inhumaine.

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