Une image, ou plutôt deux, sont emblématiques de ce mouvement européen qu’a été l’Humanisme : il s’agit des portraits d’Érasme et de Peter Gilles, réalisés par le peintre flamand Quentin Metsys.


Un diptyque adressé à Thomas More par Érasme

En 1517, l’humaniste hollandais Érasme, auteur de L’éloge de la folie notamment, demande à Quentin Metsys de peindre un diptyque qui le représente, lui (sur le premier tableau) et son ami Pierre Gilles, jurisconsulte anversois (conseiller juridique d’Anvers, sur le second tableau). Ces toiles accompagnent une lettre adressée à leur ami commun, Thomas More.


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Portrait d’Érasme de Rotterdam, Quentin Metsys, 1517.


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Portrait de Peter Gilles, Quentin Metsys, 1517.


“Je t’envoie les portraits, afin que nous soyons toujours près de toi, même quand la mort nous aura anéantis.”

Érasme à Thomas More, le 8 septembre 1517.

Non seulement ces portraits mettent en scène les deux hommes dans un cadre livresque et savant qui deviendra caractéristique de l'Humanisme, mais de surcroît, la construction en diptyque et la destination de ces toiles, offertes à Thomas More, forment un symbole de ce qu'on appellera la "République des lettres", c'est-à-dire à la fois une communauté des érudits à l'échelle européenne, avec ce que cela implique quant à la circulation des idées (en France, Rabelais lit Érasme et Thomas More ; les humanistes voyagent et l'imprimerie favorise la large diffusion de leurs œuvres), mais aussi la conscience qu'a chaque humaniste de l'existence de cette communauté et des valeurs qui la fondent (foi en l'homme, mesure de toute chose ; promotion, révolutions et partage du savoir ; redécouverte de l'Antiquité à travers les traductions, notamment).

Cette sociabilité des érudits européens prend son essor pendant la première moitié du XVIe siècle, avant la fracture confessionnelle causée par les guerres de Religion, qui traverse toute l’Europe.


On trouve sur internet cette image qui fusionne les deux portraits :

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