Voici un nouveau guide de relecture, pour vous approprier ce singulier et magnifique poème issu de Mes forêts.

Bonne relecture à vous !


Vous commencez à être plus qu'habitués à ces guides de relecture ; vous trouverez cette fois un certain nombre d'éléments semi-rédigés.


Complément audio

Compte tenu de la relative complexité de ce texte, j’ajoute à ce guide un complément audio, que je vous invite à découvrir ici :


Situer le texte…

  • dans « L’onde du chaos » : après avoir présenté Hélène Dorion et son livre, que dire de cette section ?
  • Que dire de la position du poème au sein de cette section ?
  • Rappelez-vous, une évolution se dessine au fil de la section : le JE de la poétesse apparaît peu à peu (j’écris la poétesse : ce n’est pas le terme que préférerait Hélène Dorion, mais je préfère que vous l’utilisiez au cas où, pour ne pas être repris par votre examinateur) ; il est suivi d’un NOUS collectif.
  • Dans les derniers textes, d’autres motifs se font jour : la mémoire, le temps, et la possibilité d’un “commencement” pour ‘un monde”.
  • En parcourant cette section de nouveau, afin de préparer votre explication, relevez un ou deux vers significatifs des détails relevés ci-dessus.

Élaborer un projet de lecture

Ce poème a parfois résisté à notre travail d'analyse, quoique vous ayez aussi proposé, avec audace, des hypothèses très convaincantes, auxquelles je vous renvoie.

Pistes légèrement reformulées lundi 4 mars pour mieux vous accompagner :

  • Est-ce pour vous un poème qui donne à voir, à sentir et à comprendre le désir, en montrant que ce serait un point commun aux hommes et à la nature ?
  • Est-ce justement un poème sur le désir, qui vise à nous faire prendre conscience, en l’évoquant, que l’homme et la nature ont partie liée ?
  • Diriez-vous que c’est un poème ambivalent, qui mêle désir et images de destruction (ou qu’il évoque le désir dans toutes ses ambivalences) ?
  • Etc. : à vos notes et vos trouvailles !

Questionner, pour pouvoir la donner à lire ensuite, la composition du poème

Je rappelle que cette étape n'est pas exigible à l'oral.

L'enjeu ici est double : vous aider à voir un texte pour ce qu'il est : un objet façonné, construit, composé. Et deuxièmement, en donnant à entendre à votre examinateur cette composition comprise par vous, indiquer par là ce qui structurera votre propos.

Je rappelle que nous parlons de composition (comme pour de la musique), d'architecture, et non de découpage. Les auteurs ne découpent pas, ils assemblent ; ne confondons pas leur geste et le nôtre : analyser, ce n'est pas découper, c'est mettre au jour des structures et des liens. Choisissez donc une formule qui réfère à cet ouvrage qu'est un texte littéraire : notre texte est composé de..., comprend..., articule plusieurs mouvements... Plusieurs mouvements composent notre poème..., etc. Vous vous distinguerez aussi par ce souci rhétorique.

Notre poème compte quatre strophes :

  1. une première strophe dit l’émergence du désir, dans une langue poétique qui mêle la nature et l’intime.
  2. La seconde paraît prolonger cette évocation du désir, mais de façon détournée, imagée, en se référant à la nature.
  3. La troisième opère un retour au JE, et aux amants ?
  4. Une ultime strophe méditative lie le désir à la possibilité de faire émerger le monde à nouveau.

Ces mouvements ne sont pas proposés là pour un apprentissage par cœur, mais bien pour une relecture : à vous d'en résumer l'essentiel, avec vos mots.


Lecture détaillée du poème

La première strophe, sans le dévoiler d’emblée, évoque la venue du “désir”.

J'ajoute quelques éléments lundi 4 mars pour mieux vous aider dans votre travail de préparation.

  • Un “chemin qui monte” : que pensez-vous de cette image ? Gardez cette montée en mémoire pour la suite. Il peut en tout cas être interprété de diverses manières : croissance, en soi, de ce qu’on découvrira être le désir ? Sentiment d’une élévation ? Départ à la rencontre de l’autre, sur un chemin métaphorique synonyme d’épreuves ?
  • Il vous faudra interpréter le “tu”, qui cette fois ne saurait être associé à l’autrice (laquelle est désignée par la 1re personne). Ce poème a donc une dimension lyrique, au sens où il invoque un destinataire (le lyrisme ne se réduit pas, tant s’en faut, à l’expression des sentiments personnels ; il met plutôt en scène un manque, un destinataire plus ou moins identifiable, et suppose un travail musical). Ce destinataire, est-ce l’être aimé ? La nature tout entière, que représentent parfois les “forêts” ?
  • Que dire du verbe “brûler” ? De son complément, “les ombres de ma vie”, et des deux réunis ? J'attire votre attention sur le ciselage de ce vers : l’éclat de l’image paraît d’autant plus intense que sur le plan sonore, ce qui est mis en relief, c’est “brûle” et “ombres”, seuls mots accentués du vers. La seconde syllabe du verbe et le déterminant sont en effet atones (sans accent) : vous pouvez aisément le vérifier en disant et redisant ce vers à voix haute.
  • En quoi le vers 3 est-il original, par rapport à une expression bien connue, que vous gagnerez à restituer ? C’est bien là que l’on a affaire à l’une de ces métaphores vives qui composent le texte : le sens propre est encore perceptible, même si, à l’horizon, l’image invite à l’esprit une interprétation symbolique. Diriez-vous que cette image de ce qu’on découvrira être le désir, et qui est liée à cet être qu’il s’agit de rejoindre par la montée d’un chemin, est une image négative ?
  • Songez aussi à la cohérence du texte : la foudre relaie sans doute le feu du vers précédent…
  • Et la chute peut être la conséquence du foudroiement. Voyez toujours le texte comme un tissu : pensez ses liens internes, ses échos, ses combinaisons. Surtout, que le geste de l'analyse n'isole que peu, et provisoirement seulement les mots et les groupes de mots.
  • “la chute et l’envol” : en quoi ce vers peut-il être vu comme emblématique de tout le livre ? Comment le relier au début du texte (au premier vers) comme au dernier vers de la strophe ?
  • Isolé en un seul vers, le complément « dans l’instant » vous donne l’occasion de réfléchir à l’effet produit par un tel choix. Pourquoi ces deux mots, séparés provisoirement du reste, regroupés en un vers ? Quel effet peut-on ressentir ? Quel lien avec… ce que peut ressentir le JE lorsque’ “advient le désir” ? Ne pourrait-on relier ce complément avec l’image de la foudre et le cliché, non repris tel quel par Hélène Dorion, que l’on emploie fréquemment lorsqu’on parle d’amour ?
  • En quoi le dernier vers permet-il, à rebours, de comprendre toute la première strophe et son réseau métaphorique ? En d’autres termes, pouvez-vous expliquer les images des premiers vers en les référant toutes au désir ? Prenez le temps de cette lecture rétrospective.
  • On pourrait réfléchir aussi à ce que suggère la syntaxe, en particulier le sujet et le verbe : “dans l’instant / où advient le désir”. Cette expression ne dit pas : je te désire. Sujet du verbe advenir, le désir semble autonome, il se meut de lui-même… C’est dire sa force !
  • Attention à une possible erreur d'interprétation : ce que fait cette strophe ne s'apparente pas à la projection d'un sentiment, comme le serait ce qu'on appelle un paysage état d’âme à la façon des romantiques, où la nature se trouve recomposée, recadrée pour exprimer une intériorité. La nature semble offrir ici un véritable mode de lecture de soi, ou si vous préférez, un vocabulaire (arbre, foudre, incendie...) qui évoque la nature, mais aussi, en même temps, le surgissement du désir, probablement amoureux. Pour bien comprendre cette différence avec le recours à la nature par les romantiques, relisez le poème de Lamartine pour vous en convaincre.

La deuxième strophe illustre la première, par des images inédites qu’offre la nature.

Cette seconde strophe est peut-être la plus difficile à lire. Même si ce que je vais écrire ici devrait être abordé plus bas, au terme de la relecture de ces vers, je vous propose cependant d'emblée une clé de lecture. Elle semble portée par des mots de comparaison invisibles. On pourrait la lire ainsi, en prenant appui sur la précédente :

(De même que) le chemin qui monte vers toi / brûle les ombres,
De même, il existe dans la nature de puissantes, fulgurantes et parfois douloureuses unions, suivies ou accompagnées de douloureuses ruptures : celle de la neige qui “recouvre la terre”, celle de l’aile de l’oiseau qui à pleine vitesse “perce le ciel”, de l’écho de ce vol qui par son retentissement “rompt le rivage”…

Autrement dit, cette strophe offre un détour par les images, lesquelles sont empruntées à la nature, pour mieux exprimer ce qu'est le "désir".

  • N’y-a-t-il pas de nouveau un paradoxe dans le premier vers ? Pensez à expliquer sur quoi il repose. Songez que ce n’est pas là, en tout cas, coquetterie poétique. L’enjeu de la poésie d’Hélène Dorion, et souvent, de la poésie moderne, est par des associations nouvelles et inattendues, de déplacer notre regard sur le monde. Que semble donc faire la neige dans ces deux vers ?
  • Essayons cette lecture : de même que je remonte vers toi, l’élan de la neige recouvre la terre. S’il est juste de voir là une analogie, et par la suite même une série d’analogies, la poétesse dresserait des parallèles entre l’union et le désir, chez les hommes, et ce qui unit les éléments du monde au sein de la nature.
  • Songez aussi à la mobilisation du motif de la “neige” : en quoi est-il intéressant, par rapport à l’isotopie qui se dessinait dans la première strophe (brûler, foudroyé…) ?
  • La neige qui recouvre la terre, l’aile qui perce le ciel : que fait faire la poétesse au lecteur ? à son regard ?
  • Sur l’aile qui perce le ciel, je vous invite à lire les éléments méthodologiques que je vous avais fait connaître par mail, et que j’ai recopiés ci-dessous. Pour interpréter ce qui s’apparente à une synecdoque désignant l’oiseau (la synecdoque désigne un objet en ne nommant qu’une de ses parties), songez, par le raisonnement contraire, à l’effet que produirait la phrase : “un oiseau perce le ciel”. Pourquoi “une aile”, dès lors ? Quels effets ? Que s’agit-il de faire ressentir quant au vol de l’oiseau ? (Songez que, souvent, la poésie a moins pour but de dire un sentiment que de le faire éprouver à qui lit, pour paraphraser un propos d’Éluard).
  • Soyez aussi à l’écoute des sonorités (assonances surtout, allitération aussi) : neige / aile / perce / ciel. Comment et surtout pourquoi les sons unissent-ils les mots ? Quel rapport avec le mot central du poème, révélé plus haut ?
  • Je comprends que certains aient pensé : cela peut-il, cette aile, référer à un avion ? Cela expliquerait, de façon rassurante, pourquoi l’image est plus négative que celle de la neige, pourquoi il y a rupture par la suite. Mais rien ne dit que le désir ne doive être vu que de façon positive : témoin “l’arbre foudroyé” de la première strophe. D’autre part, s’il s’agit d’un avion, alors les deux premiers vers de la strophe, qui amorcent une comparaison entre le désir chez les hommes et les relations entre les réalités de la nature, avec la neige et la terre, n’ont plus de sens : ils deviennent une simple image.
  • Prenez le temps de réunir les verbes choisis depuis le début (à un moment ou à un autre de votre explication) : ici, recouvrir, percer, bientôt rompre, comme auparavant brûler, monter vers, foudroyer… Que suggèrent ces différents verbes quant à ce que fait, provoque le désir ? Quels points communs, quelles différences ?

Vous le voyez, l'explication n'est jamais prisonnière d'une ligne ; elle ne s'y attarde que provisoirement. Pour le dire autrement, une explication linéaire n'est pas une explication ligne à ligne. C'est un discours qui déplie le texte progressivement, mouvement après mouvement, en s'autorisant, lorsque c'est nécessaire pour éclairer un de ces plis, des retours en arrière, ou des incursions vers la suite. Ne soyons pas myopes, sachons lier les mots entre eux, car c'est cela, un texte : des liens entre des mots qu'il nous revient de révéler.

  • Je vous invite à vous arrêter sur la sensation étrange et mêlée de la rupture du rivage : quels sens se trouvent ici convoqués et réunis ? Cette métaphore étonnante n’est pas aisément interprétable, de mon point de vue du moins. Mais le plus important est peut-être que le rivage, motif important dans l’œuvre, matérialise là encore une forme de contact (le rivage unit la terre et la mer). S’agit-il de dire que l’oiseau volant au-dessus de l’eau rompt la cadence régulière des vagues, crée une fêlure dans le ciel, tandis qu’à terre le rivage faisait se rencontrer terre et mer ?
  • Vous aurez à un moment ou à un autre de votre relecture des phases de travail peut-être difficiles, tant le poème demeure parfois insaisissable. Rappelez-vous ce que j'ai dit en cours : il peut suffire d'observer, de caractériser, de s'interroger. C'est déjà lire. Ensuite, on repart vaillamment en quête d'un sens. Pourquoi ces allers-retours entre le motif de la relation, de l'union, et celui de la séparation ? Pourquoi des blancs au sein des vers ? Quelle image du désir, puisque c'est le mot clé du texte, cette façon d'écrire et ces images donnent-elles ? Autrement dit, d'après ce poème, de quoi le désir est-il fait ?

À ce stade de la relecture, il faut une nouvelle fois reconnaître la complexité du texte... Mais le vouloir simple, alors qu'il évoque le désir comme moteur de la vie des hommes, et peut-être de la nature (ce que confirmera la fin du texte), ce serait souhaiter que le désir lui-même soit simple ! Le poème est à l'image de son objet. Je vous propose une clé de lecture supplémentaire pour tenter de mieux comprendre l'alliage entre ce qui s'apparente à des unions (la neige recouvrant la terre), plus ou moins violentes (l'aile perçant le ciel), et des séparations ("son écho rompt le rivage"), voire des destructions ("la chute et l'envol").

On peut considérer deux effets qu'on pourrait dire destructeurs du désir : désirer autrui par ce "chemin" difficile, qui "monte", n'est pas toujours synonyme de joie, mais d'abord... synonyme de manque. Pas de désir sans manque que l'on chercherait à combler, en essayant de "voir toucher dire", en effet. Autrement dit, désirer, c'est aussi être déchiré, "comme une flamme".

Plus profondément, désirer, souhaiter une union, celle des corps dans l'amour, par exemple, celle de la terre avec la neige, ou de l'aile avec le ciel, c'est aussi et simultanément prendre conscience que pour qu'il y ait union, il faut qu'il y ait prise de conscience d'une séparation, d'une différence irréductible entre les êtres : on peut toucher l'autre parce qu'il est autre, et ne jamais l'atteindre totalement pour la même raison. Hélène Dorion écrit à la fin du poème que "le monde surgit" : or, dans la Genèse, Dieu crée le monde en séparant les choses, la lumière de l'obscurité, la terre de la mer (précisément), etc. La feuille, écrit-elle encore, est "désir / de fleur et de fruit" : elle désire donc autre chose qu'elle-même. En somme, pour qu'il y ait désir, il faut qu'il y ait séparation, voire rupture, et prise de conscience de celle-ci, sensation de celle-ci, comme le disent peut-être les images de cette strophe.

  • Le motif du feu réapparaît dans une comparaison : l’écho de l’aile qui perce le ciel « déchire comme une flamme » : prenez le temps de l’étonnement. Une flamme déchire-t-elle ? Quelle place le motif de la “déchirure” a-t-il dans l’œuvre ? La déchirure est-elle forcément négative ? Songez à sa réversibilité. Si nécessaire, relisez les derniers vers du tout dernier poème. Chez Hélène Dorion, déchirure, écarts, interstices, intervalles (c’est un mot que j’emprunte à l’un de ses titres) comptent. Toute déchirure, chez elle, n’est pas un mal, ou pas seulement un mal. Elle est aussi le gage d’un passage.
  • Comment le concret et l’abstrait se trouvent-ils réunis par la suite ? Comment le poème revient-il à l’humain ?
  • La “peau” : ce mot, avant d’entrer dans la métaphore dont il est le seuil, peut agir sur l’esprit du lecteur : en quoi résonne-t-il avec le “désir” ?
  • Arrêtez-vous sur la métaphore complète, bien sûr : “la peau fragile de nos rêves”. Songez aux autres occurrences du mot “rêve”, dans la section, et à l’ambivalence de ce terme : idéal ou illusion ? Trouvez-vous logique ou curieuse cette évocation de la fragilité humaine (fragilité des relations humaines ?) à la fin de cette strophe, qui égrenait des relations au sein du monde naturel ?
  • Je me permets de partager un commentaire, que j’ai sans doute dû esquisser en cours : entre la représentation de la nature, ce qui s’y vit, et celle de la vie des hommes, Hélène Dorion ne choisit pas ; elle unit les deux. Mais pas à la manière des poètes romantiques : revoyez, si vous ne l’avez déjà fait, le poème de Lamartine et la façon dont la nature devient un moyen d’expression de l’intériorité. Est-ce le cas ici ?

Après ce détour par la nature, la troisième strophe remet en scène le sujet lyrique, “JE”, et son destinataire.

Que l'expression sujet lyrique ne vous effraie pas : elle appartient au vocabulaire de l'analyse poétique. Elle désigne simplement le JE qui s'exprime ici, et c'est une façon de dire qu'on ne l'apparente pas automatiquement à l'autrice : JE peut être un autre qu'elle. En disant je, quand nous lisons, nous faisons nôtre le poème, d'ailleurs. L'adjectif lyrique doit sa présence à la tonalité du poème : quelque peu musical, surtout en cette strophe, centré sur le désir, il porte une parole destinée à un "TU" non identifié, et qu'il s'agit d'atteindre : on a là l'élan musical vers l'autre qui est souvent le fondement du lyrisme. Si l'expression vous paraît trop abstraite, dites simplement la première personne, ou la poétesse.

  • Par quoi cette strophe se trouve-t-elle particulièrement rythmée, même visuellement ? Pourquoi ces respirations selon vous ? A minima, bien sûr, elles incitent à une lecture à voix haute qui en tienne compte : il vous faudra à la fois marquer une pause à la fin des vers, et à l’intérieur de ceux-ci. Essayez de le faire plusieurs fois, pour accueillir progressivement une impression, puis une interprétation. Je ne crois pas que ce puisse être fermé : s’agit-il de représenter un effort, celui qui consiste à se tenir “dans le sillage / de la nuit” ? Celui qui consiste à “remon(ter) vers (lui)”, malgré la “chute”, malgré les difficultés rencontrées pour vivre dans notre monde, telles que “L’onde du chaos” les a précédemment évoquées ? Est-ce une façon de dire qu’il n’y a de mouvement qu’avec des suspensions, d’élans vers l’autre qu’avec des arrêts, de liens qu’avec des failles ? Est-ce purement rythmique, musical ? Ou les blancs miment-ils une “onde”, les “ondes” d’un “sillage” ?…

Tout n'est pas dicible ; il ne s'agit pas de projeter tout et n'importe quoi : j'essaie surtout de vous montrer ici qu'interpréter, c'est faire un lien entre ce que le texte dit (sillage, nuit, remontée, contact avec une présence), et ce que le texte fait (blancs, phrases interrompues provisoirement en fin de vers). Mais l'interprétation, vous l'avez compris depuis longtemps, c'est à vous de la faire in fine.

  • Je propose une lecture de ce début de strophe : tout se passe comme s’il nous était dit : ”de même que l’élan de la neige recouvre la terre, qu’une aile perce le ciel, etc., je me tiens dans le sillage de la nuit…”. Autrement dit, il est question, depuis le début du texte, de ce que fait le “JE” : à savoir, désirer. À l’image de ce que ferait la nature (cf. la deuxième strophe) ?
  • Or que fait ce JE dans ce vers précisément ? Se tenir “dans le sillage / de la nuit”, et, animé par le désir, poursuivre la remontée vers celui qui est appelé “TOI”, remontée déjà évoquée au tout premier vers.
  • À vous d’interpréter le verbe “se tenir” : que véhicule-t-il ? Pourquoi l’image du “sillage / de la nuit” ? Quel écho avec le titre de la section ? Dans le livre, à quoi renvoie la nuit (parfois intégrée à cette expression : “la nuit humaine”) ?
  • Si le désir est affaire de mouvement vers l’autre, il est intéressant de lire que le sujet est à l’initiative d’une remontée (“je remonte / vers toi”), tout en suivant la nuit, en étant prise dans un mouvement qui le dépasse et l’incorpore, ce que métaphoriserait le “sillage”. Ce “sillage / de la nuit”, qui pourrait n’être pas connoté négativement, ce pourrait être une autre image du désir ?
  • Jusqu’à présent, dans ces lignes, j’ai réuni les termes de cette métaphore ; mais il vous revient aussi de voir qu’ils sont séparés par l’écriture en vers : songez à l’effet de mise en valeur produit par la suspension en fin de vers, et le rejet en début de vers suivant.
  • Comment interpréter « je remonte » ? En quel lieu bas se trouvait-elle pour devoir remonter (j’écris “elle” par facilité, en associant l’autrice au JE) ? Est-ce à dire que tout contact avec l’autre est une remontée… une ascension, une élévation ? Est-ce que ce poème opère un tournant dans la section “L’onde du chaos” : une sortie de la “nuit”, de la noirceur d’un monde difficile à “réparer”, grâce au désir et à l’autre ?

C'est l'occasion de le redire : certains mots, certaines images ne prennent sens que mis en perspective avec la section de l'œuvre d'où le poème est issu, voire avec toute l'œuvre. Cela signifie qu'il vous faut bien connaître le reste de l'œuvre, en tout cas avoir des repères avec plusieurs poèmes, pour interpréter ceux de l'oral du Bac de façon convaincante. Mais c'est un avantage certain : car vous éviterez d'autant mieux les interprétations arbitraires et les contresens, que vous vous appuierez sur l'entour de chaque texte.

  • Faut-il lire malgré le blanc, non pas “dans le sillage / de la nuit”, mais “de la nuit je remonte”, le blanc suggérant l’effort nécessaire à cette remontée ? À tout le moins, je me dois de vous inciter à la vigilance face à l’ambiguïté de la syntaxe et du sens.
  • Toujours s’agissant de cette remontée : même la forme des vers va en ce sens : « je remonte » se trouve en fin de vers, comme s’il s’agissait, pour remonter vers autrui, de revenir à la source, c’est-à-dire, pour le vers, en début de ligne. Le texte imite ce qu’il dit, en somme.
  • Comment les termes « vers toi » et « l’unique » sont-ils disposés ? Comment l’interprétez-vous ? On peut être sensible à l’effet de suspension, à la mise en valeur, au fait qu’isolé, “l’unique” devient un nom, alors qu’apposé à “présence”, il redevient un adjectif…
  • Vous avez réfléchi en cours à ce vers : « l’unique / présence qui jamais ne s’éteint ». Certains ont avec justesse souligné que la relative conférait une dimension sacrée à cet être. Lors de la rencontre du mois de novembre, Hélène Dorion a récusé tout référence à un dieu inscrit dans une religion donnée, mais elle n’a pas écarté le fait que le livre revêtait une dimension spirituelle. Faut-il voir l’être aimé ici ? Ou bien se confond-il avec la nature tout entière ? Ne faut-il pas voir dans cette éventuelle confusion le fait que toute relation portée par le désir s’inscrit profondément dans la vie de la nature ?
  • Que pensez-vous du triptyque d’infinitifs que les blancs mettent en relief avec soin ? S’agit-il de dire l’amour en trois temps (voir, toucher, dire) ? D’évoquer, plutôt (ou en même temps ?) la création poétique ? Amour et poésie s’équivaudraient-ils ?
  • J’attire votre attention sur les pluriel dans le dernier vers (“on” est singulier, mais renvoie à une pluralité d’être ; s’y ajoute le déterminant possessif). Qu’en pensez-vous ?
  • Comment interprétez-vous l’expression “des ailleurs à la vie” ? Ajout du 8 avril 2024 : je fais suite à la question de l’une de vos camarades sur ce vers. La compréhension littérale en est assez simple : il s’agirait de suggérer que l’union de ces deux êtres - la poétesse, l’être aimé à qui elle s’adresse depuis le premier vers - s’apparente à une échappatoire. La “vie” serait un instant remplacée par autre chose, grâce à l’imaginaire, qu’évoque le verbe inventer (le rêve ? le bonheur ?). Cela pourrait se comprendre, au vu de tout le reste du livre, et singulièrement de la section, qui dépeint un monde soumis à “l’onde du chaos”, à laquelle on pourrait vouloir en effet substituer “des ailleurs”. Mais le vers me semble pouvoir être éclairé autrement : un ailleurs, c’est un autre espace, opposé à l’ici dans lequel on se trouve. Or, ce poème, dès le tout premier vers, ne cesse de renvoyer à l’espace, à des espaces : “le chemin qui monte vers toi” signifie le passage d’un espace (solitaire) à un autre (de retrouvailles) ; les espaces naturels se trouvent transformés par différents contacts : “terre” recouverte par “l’élan de la neige” ; “ciel” percé par “une aile”, “rivage” rompu par un “écho” ; “sillage”, espace intermédiaire dans lequel dit se tenir le JE… Jusqu’au tout dernier, qui les englobe tous : “le monde” qui “surgit”. Notre vers s’interprète peut-être moins comme l’évocation, simple, d’un moment de fuite du réel, que comme l’affirmation que, réunis (cf. le “on”), les amants deviennent capables, comme la neige qui modifie l’espace de la terre, de trouver ou de créer (inventer signifie les deux) de nouveaux espaces. Le désir réalisé créerait des mondes ou à tout le moins des fragments de monde. Qu’en pensez-vous ?

La dernière strophe offre une clôture en forme de méditation.

Deux points méthodologiques : comme je vous l'ai souvent dit, et conseillé, je rédige les phrases correspondant aux charnières de mon explication - ici, du guide de relecture. À l'oral encore plus qu'à l'écrit, formuler un titre, sans verbe conjugué, est du pire effet. Votre propos cesse de s'animer, et risque de ne plus susciter le même intérêt qu'auparavant. Préparez donc les phrases charnières. Si possible, en imitant ce que je vous propose ici, évitez les lourdeurs (On entre à présent dans le dernier mouvement pourrait donner l'impression d'un atterrissage prochain annoncé par le commandant de bord).

En second lieu, si j'emploie ici le terme de méditation, aussi bien, j'aurais pu écrire "leçon", par exemple. Mais j'évite soigneusement un terme qui revient encore dans nombre de copies, malgré mes mises en garde, à savoir le mot "message", et son corollaire, la fameuse volonté qu'auraient les écrivains non pas d'écrire des textes, mais de "transmettre des messages". Ceci pour vous rappeler de nouveau de proscrire cette expression réductrice et stéréotypée. S'il y avait là un message, il n'y aurait pas besoin d'une explication, ni d'un guide de relecture après un cours de plusieurs heures.

  • Où avons-nous vu, dans l’œuvre, de brèves strophes conclusives, porteuses d’une réflexion ?
  • Soyez attentifs à ce qui détache cette strophe de celles qui précèdent : les pronoms de 1re et de 2e personne sont-ils de nouveau employés ? Quel est le temps utilisé ? Quelle est sa valeur ? Quel sens le déterminant « toute » a-t-il ? Regardez les sujets : “toute feuille”, “un monde”. Cette strophe se situe-t-elle encore à hauteur d’homme, dans l’intimité entre deux êtres ?
  • Vous aurez observé la nouvelle occurrence du terme “désir”, comme une dernière occasion de livrer une clé de lecture pour tout le texte.
  • Comment interpréter cette équation : “toute feuille est désir” ?
  • Où le mot “désir” est-il situé dans le vers ? Avec quel effet ?
  • Soyez à l’écoute des sons (allitérations et assonances) qui confèrent à cette strophe son équilibre, son harmonie :

”toute FEUille est désIR
de FlEUR et de FRUIT”
avec lUI
le monde surgIt

Pourquoi cette harmonie sonore ? Pour dire quoi ?

  • Quels nouveaux mouvements naturels relaient le percement, le recouvrement, le sillage… ?
  • Ici, Hélène Dorion écrit « le monde » : qu’écrivait-elle quelques pages plus haut ?

Conclure, et proposer une mise en perspective

  • Revenez à votre projet de lecture ; considérez la trajectoire du poème, qui évoquait des ombres brûlées, un foudroiement, et qui s’achève par la fleur, le fruit, le surgissement du monde : à présent que vous avez du recul sur le texte, quel “chemin” dessine-t-il ?
  • Quel sens donnez-vous à ce rapprochement entre le désir qui anime les hommes et les relations qu’observe la poétesse au sein de la nature ?
  • Pour une mise en perspective, que prépare ce surgissement final ? Que proposent les derniers poèmes de cette section, que donne à lire la dernière section du livre ?
  • Ou bien, pour une autre ouverture : quel regard portez-vous sur le livre, dont ce poème pourrait être emblématique ?

Méthodologie : une ouverture, contrairement à ce qui est parfois proposé, ce n'est pas une question vague qui restera fatalement sans réponse, du type : On pourrait se demander si... (mais on ne le fera pas, parce que c'est fini ! C'est juste pour dire quelque chose...) : voilà ce que disent certains candidats, à l'écrit comme à l'oral, avec une gêne souvent visible. Une ouverture, c'est un moment de votre discours (un lieu rhétorique) qui consiste à mettre la dernière touche à votre toile, à formuler une dernière phrase qui produise la meilleure impression possible sur votre auditeur. Elle prend le contrepied de ce qui a été fait jusque-là : puisqu'on s'est penché sur un texte, en détail, il faut à présent prendre du champ, ne plus rester à l'intérieur de cette page, mais la regarder dans un ensemble plus vaste, la mettre en relation avec d'autres, avec lesquelles il est intéressant, le temps d'une phrase, de la faire dialoguer. Je vous en propose deux exemples ci-dessous, et je choisis volontairement d'écrire des phrases affirmatives (mais ce pourrait être des questions rhétoriques, pourquoi pas).

Ce poème, qui unit une image des relations humaines à celles qui peuvent animer la nature, peut faire penser au titre de l'œuvre : Mes forêts renvoie autant au monde extérieur, qu'il faut apprendre à regarder et à sauver, qu'à notre intimité : l'un permet de comprendre l'autre, et réciproquement.

Le lien que tisse Hélène Dorion entre la sphère intime et le monde qui nous est apparemment extérieur est très profond. C'est ce qu'on peut lire aussi chez René Char, dans l'extrait de Feuillets d'Hypnos où il évoque ce qu'il appelle la "contre-terreur". Contempler les forces les plus invisibles de la nature en train de se mouvoir devient alors pour le maquisard un moyen de trouver en son for intérieur la force de résister à la peur.

Pour être originaux, il vous reste à tisser des liens avec les œuvres que vous avez lues. Ainsi, malgré la question de grammaire intermédiaire, la transition vers l'entretien pourra être plus efficace - en tout cas au second oral blanc.


Complément que je vous ai envoyé par mail à l’issue du cours, avec des conseils méthodologiques pour l’interprétation

Pour votre préparation, et pour clore donc l’étude de ce texte, je reviens donc ici en quelques mots sur ce que l’on peut retenir à la fois de la méthode de l’interprétation et du poème lui-même. Je vous remercie de lire tout cela attentivement.

Pour consolider votre méthode

S’agissant de la façon d’interpréter un texte, nous faisons face à des poèmes parfois difficiles à lire, en ce que les images, par exemple, laissent peu d’indices sur ce à quoi elles réfèrent : ce sont souvent des métaphores in absentia : nous disposons du comparant, pas toujours du comparé (ce qui est comparé au comparant).

Ainsi, « une aile », c’est probablement une synecdoque (un mot qui par figure désigne la partie pour le tout, comme la voile pour le bateau), mais que dire de « l’arbre foudroyé », de « l’élan de la neige » qui « recouvre la terre » ? Sont-ce même d’ailleurs toujours des métaphores ? Manifestement, certaines images sont des vues de la nature, qui n’appellent pas nécessairement, ou pas immédiatement de lecture métaphorique. Mais face à de telles images, la tentation est grande, souvent, de laisser parler notre sensibilité, de confronter le texte à notre culture personnelle pour le lire. Au risque d’avoir petit à petit le sentiment que tout pourrait être dit, autrement dit rien de totalement fiable.

C’est là que, méthodologiquement, notre culture et notre sensibilité doivent trouver un allié : le réflexe consistant à s’aider du contexte pour éclairer le texte. Par exemple, dans le poème de René Char que nous avons lu, le « diable » s’interprète à la fois par la culture (le diable tente et fait se fourvoyer les hommes, dans la culture judéo-chrétienne), par l’étymologie (ce qui est diabolique sépare, ce qui est symbolique réunit), par le contexte historique (René Char fait alors partie de la Résistance) et par le contexte poétique (dans le même recueil, à propos de Georges de La Tour, le poète évoque les « ténèbres hitlériennes » ; dans le même poème, l’exclamation finale parle d’une « heure » et d’un « lieu » où le « diable » aurait « fixé rendez-vous » au poète et à ses compagnons : cette dernière image pourrait bien évoquer la mort). Ce qu’il vous faut absolument retenir, c’est que chaque vers prend sens à la croisée de tous ces éléments. Autrement dit, le sens de chaque vers, de chaque image dépend de son contexte, à l’échelle du poème comme du livre tout entier : ce sont autant d’aides pour compléter ou infléchir une lecture qui reposerait uniquement sur notre sensibilité (ce qui est valable mais insuffisant) et notre culture (idem).

Je vais le formuler encore différemment : ce qui signe la valeur d’un grand texte, c’est qu’il continue à être lu longtemps après avoir été écrit, alors même que la sensibilité et la culture des lecteurs qui s’en emparent ne sont plus les mêmes qu’à l’époque de sa création ; mais ce qui nous aide à rejoindre les lecteurs de jadis sur un ou des sens possibles, ce sont le texte et son contexte, tant immédiat qu’au sein de l’œuvre.


Pour interpréter notre poème

J’en reviens donc au poème « Le chemin qui monte vers toi » : j’espère que vous avez noté les échos avec ceux qui le précèdent de quelques pages et qui laissent à penser qu’Hélène Dorion évoque à la fois une présence ou un être présent, et le monde prêt à surgir, comme en partie réparé.

Bien sûr, des images renvoient quelque chose de négatif : est-il encore question de destruction ? Notre poème est situé vers la fin et non au début de la section « L’onde du chaos ». Il n’est pas centré sur les désordres du monde comme le sont les premiers textes de cette partie du livre, mais sur ce qui permet, comme en témoigne le dernier vers, que le monde à nouveau surgisse. Et cela, c’est dit à trois reprises : c’est le « désir ».

Certes, la poète ne dit pas de quel désir il s’agit très explicitement, quel est l’objet désiré. Le foudroiement peut faire penser au coup de foudre (mais on songe d’abord aux arbres foudroyés, tout simplement : le texte n’est ni immédiatement, ni exclusivement métaphorique chez Hélène Dorion) ; la montée vers l’autre, à un rapprochement des corps, voire une union charnelle. Mais le texte ne va pas explicitement jusque-là : Hélène Dorion n’a pas écrit des métaphores pour qu’elles soient déchiffrées, mais plus probablement pour qu’on y voie l’union profonde entre les choses, pour que l’on soit attentif à une ressemblance trop souvent mal perçue, entre la vie de la nature (arbres foudroyés, oiseaux qui percent le ciel, neige qui recouvre la terre d’un surprenant élan - et non plus classiquement d’une tombée - , feuille qui appelle le fruit et la fleur…) et celle des hommes (chemin qui monte vers l’autre, « désir de voir toucher dire »). Le point commun ? Ce mot récurrent et qui est au cœur de la strophe en forme de leçon finale, comme cela a bien été dit : le désir. C’est-à-dire ce qui pousse vers l’autre, ce qui nous fait « monter » vers l’autre, avec ce que cela comporte de douleurs (la brûlure, le percement, la rupture, la déchirure…) et de contact, même infime ou fragile (« la peau fragile de nos rêves »). Mais Hélène Dorion ne propose pas un poème sur l’amour seulement ; elle ne saurait se restreindre au champ des relations humaines dans ce livre : avec le désir, grâce au désir, « le monde surgit ». Le désir, moteur de l’amour, apparaît la métaphore du fonctionnement de la nature, et pour Hélène Dorion, des hommes : ce qu’elle nous dit, c’est que par le désir, quoi qu’il provoque comme conséquences, nous ressemblons à cette nature dont nous faisons partie.

Dès lors, le poème n’est donc pas ou plus un texte obscur qui dissimulerait en un triptyque une nuit d’amour (« désir de voir toucher dire »), pour le plaisir d’user le cerveau des lecteurs. Il est une façon de réunir ce qui paraît, ce qui est peut-être disjoint et ne devrait pas l’être : le foudroiement de l’arbre et l’éclosion d’une fleur, la brûlure et la neige, la fragilité de nos rêves et le surgissement du monde, les hommes et la nature. Déclinaison des manifestations du désir, tout dans ce texte est mouvement, contact, relation : chute, envol, foudroiement, percement, déchirure… Il est bien question d’exprimer ce qu’est le désir d’atteindre quelque chose, ou quelqu’un. Une feuille, le fruit ; une femme, l’être qu’elle aime.

S’il y a chaos c’est donc désormais un chaos naturel, et non plus un chaos exclusivement destructeur. Dans « l’onde du chaos », ou pour le dire avec une formule voisine, dans « le sillage de la nuit », la poète « remonte » (vers l’autre, ou remonte absolument, tout court) et nous invite à voir dans les forêts et entre les hommes les mouvements et les désirs qui les font se ressembler les uns aux autres.

Ces éléments de réflexion, d’interprétation, je vous invite vivement à les méditer pour construire, à l’aide ensuite du guide de relecture ci-dessus, une explication personnelle convaincante.

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