Quelques suggestions pour travailler sur « Les Animaux malades de la peste », pour faire suite à votre travail.


Plan possible pour un commentaire des « Animaux… »

1. C’est une fable et complexe, dont la composition mérite d’être étudiée. Elle alterne en effet récit et discours.

  • Elle commence par un récit qui mêle les registres épique, tragique et burlesque.
  • Elle se poursuit par des discours : celui du roi, ceux des courtisans - celui du Renard du moins, dans un decrescendo social. On notera ici qu’ils sont formulés de façons diverses (on s’appuiera sur les différentes formes de discours rapportés) et qu’apparemment ils visent à mettre fin au fléau.
  • Elle s’achève par le discours naïf de l’Âne et la morale qui l’accompagne.

2. Elle dénonce l’injustice qui a cours autour du roi.

  • Le roi et les courtisans sont visiblement coupables. On relit leur discours ou leur silence à cette aune.
  • L’Âne seul est condamné : voir la morale.
  • Il n’a pas compris ce qu’implicitement le roi suggérait de faire. Voir son discours maladroit.

3. Elle fustige le ressort profond de cette injustice qu’est la peste du mensonge.

  • On relit ici le discours du Lion…
  • Puis celui du Renard comme une légitimation du mensonge et de la manipulation.
  • Enfin, on fait le lien avec la Peste, allégorie de cette hypocrisie généralisée. Allusion à Œdipe.

Autre plan possible

Si vous trouvez difficile de concevoir un plan… dites-vous bien que c’est normal, et que les textes n’ont pas été écrits pour être pliés en deux ou trois parties.

L’essentiel est de vous rappeler qu’une copie exprime votre pensée : pour qu’elle soit claire et convaincante, il faut l’organiser selon une logique qui découle du projet de lecture, c’est-à-dire de l’interprétation globale que vous faites d’une œuvre.

Les textes argumentatifs, dont les fables font partie, en tant qu’apologues (récits ayant une visée morale), se prêtent assez bien à des commentaires en deux parties.

  • La première consistera à étudier ce que dit ou raconte le texte (ici, on étudiera le caractère à la fois épique, tragique et burlesque de la peste ; on commentera les allégories animaières, puis on montrera que les discours des personnages, articulés par des parties de récit, suivent un ordre qui va du plus puissant, le roi, au plus faible, l’Âne).
  • La seconde partie visera à analyser comment le texte dénonce les injustices et le climat d’hypocrisie qu’allégorise la peste.

Analyser le texte, écrire une sous-partie

Je vous renvoie à vos cours, à nos travaux précédents, à ce qui est publié sur Lettrines.

Imaginons que nous commentions le discours du Lion.

Voici le début de notre brouillon, organisé, par commodité, en trois colonnes : l’interprétation, le texte cité, l’analyse de l’écriture.

Tableau-2B-12fev-19-Animaux.jpg

En cours, nous n’avons pas eu le temps d’aller plus loin. Sur notre copie, le texte reprendrait comme suit les éléments trouvés au brouillon. Je poursuis ici la rédaction au-delà de ce que nous avions évoqué :

Le discours du Lion manifeste sa ruse et son habileté dans la manipulation. Il est en effet particulièrement éloquent. Sa parole suit toutes les étapes du discours rhétorique classique, de l’exorde (“Mes chers amis”, commence-t-il au vers 15) à la péroraison (“que chacun s’accuse ainsi que moi”, v. 31), en passant par la narration et l’argumentation. En outre, il sait produire de forts effets sur son auditoire. Le groupe “Le berger” est ainsi mis en relief au moyen d’un rejet. Le Lion peut aussi bien insister de la sorte sur sa puissance, que souligner sa faute pour pousser les autres à faire de même, ou bien encore la révéler pour mieux l’atténuer. Mais on pourrait aussi considérer qu’ainsi, il met les rieurs de son côté : beaucoup de courtisans sont eux aussi de féroces animaux. De plus, son dévouement n’est que temporaire, voire artificiel, comme en témoigne la construction des vers 30 et 31 :
“Je me dévouerai donc, s’il le faut ; mais je pense
Qu’il est bon que chacun s’accuse ainsi que moi”.
Le “mais” en fin de vers indique bien qu’en réalité, le roi entend ne pas être le condamné qu’il recherche, si coupable soit-il. La fin de son discours, qui mêle encore argumentation et péroraison, selon les termes de la rhétorique classique, fait entendre la menace à travers des allitérations en S très marquées :
“Qu’il est bon que chacun s’accuse ainsi que moi
Car on doit souhaiter selon toute justice
Que le plus coupable périsse”.
Ainsi le roi se montre-t-il un habile rhéteur et un manipulateur au sommet non seulement du pouvoir, mais aussi de son art.


Extrait d’une copie d’élève, sur la même fable

2de-exemple-sous-partie-Animaux.JPG


Ci-dessous, des fiches repères :

  • un exemple de partie de commentaire du “Loup et l’Agneau” ;
  • une fiche sur les discours rapportés, avec des rappels des années de collège utiles pour comprendre le rôle des types de discours rapportés dans les Fables de La Fontaine ;
  • une fiche sur la versification, pour connaître et comprendre ce qu’offre au poète l’écriture en vers.
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